Léo, le lion qui ne mangeait pas de viande

Léo est un lion grand et fort, il est encore jeune, mais il est déjà très respecté par tous dans la savane, car chacun sait qu’il sera le futur chef du clan.
Léo court plus vite que tous les autres lions du groupe, il rugit plus fort et sa crinière est sans conteste la plus belle et la plus touffue.
Mais Léo cache un terrible secret ; il ne mange pas de viande. Et un lion qui n’est pas carnivore, on n’a jamais vu ça !
Pourtant, rien à faire, Léo a tout essayé, mais la viande, ça ne passe pas, ça n’est pas fait pour lui ; lui, il préfère de loin une bonne salade de fruits !
Alors il a dû inventer des stratagèmes, pour ne jamais manger en présence des autres lions, prétextant toujours une affaire urgente ou un manque d’appétit. Mais il sent bien que ses amis commencent à se poser des questions ; alors Léo a le cœur lourd, il ne voit pas comment on pourra l’accepter et continuer de l’admirer une fois que l’on connaîtra son secret.

Alors qu’il médite seul au bord de la rivière, ruminant ses pensées noires, le petit Balthazar s’approche doucement de lui, l’air penaud, et lui avoue qu’il a un peu honte : il ne sait pas rugir, il essaye, mais il n’arrive qu’à miauler. Balthazar est très inquiet, une larme roule le long de sa joue ; il ne veut surtout pas que les autres lionceaux se moquent de lui.
Léo sourit et lui tapote affectueusement la tête de son énorme patte :
— Tu n’as pas à avoir honte, Balthazar ; bien au contraire, tu dois être fier de tout ce qui fait ta différence. Et personne n’osera se moquer si tu as confiance en toi.
Balthazar relève la tête, il sourit de toutes ses dents et s’en va en gambadant, soulagé et miaulant de plus belle.
Léo le regarde partir d’un air attendri, puis, observant son reflet dans l’eau il pense que si Balthazar est suffisamment courageux pour afficher sa différence aux yeux de tous, alors lui aussi doit pouvoir révéler son lourd secret.
Sa décision prise, il se rend pour la première fois à la table du déjeuner, où tous ses amis sont en train de festoyer en riant. Un tas de fruits sous la patte et un air de défi dans le regard, il s’installe à un bout de la table et commence à manger. Certains le regardent un peu curieusement d’abord, mais très vite chacun se remet à manger avec appétit, sans lui prêter plus d’attention que ça.
Ça alors ! Léo n’en revient pas que ça ait été si facile ! Finalement, il avait raison ; il faut être fier de ses différences, parfois les autres n’y font même pas attention, et ce qui nous paraît terrible à nous ne leur importe pas le moins du monde.

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